« C'est votre huitième défaite au premier tour en huit apparitions à Rome. La terre battue, c'est vraiment très compliqué pour vous ?
C'est toujours pareil. Quand tu manques de confiance et de victoires, ce n'est pas facile de rentrer dans le match. Tu te cherches un peu. Les conditions du début de match étaient très compliquées, avec Nadal qui s'entraînait sur le court 3, à côté, tout le monde qui hurlait, le micro de l'arbitre du court de derrière qui était encore plus fort que le micro de notre arbitre... C'est difficile de se concentrer sur ce genre de court, dans ces conditions-là. J'ai mis malheureusement un peu trop de temps à rentrer dans le match. Après, dans le deuxième set, ce n'était pas si mal. Il aurait fallu que je le mette un peu plus en difficulté sur ses jeux de service. Ce n'était pas un mauvais set.
Vous n'appréciez pas la terre battue, on le sait, mais qu'est-ce qui fait que vous ne parvenez pas à poser votre jeu sur cette surface ?
On pourrait en parler des heures. Je suis quelqu'un qui tend très peu sa raquette. Sur terre battue, le cordage se détend un peu plus vite, les cordes bougent beaucoup, il faut tout le temps s'adapter, c'est plus compliqué pour moi que sur dur. Ensuite, j'ai un jeu où je prends la balle un peu plus tôt que les autres joueurs et je suis un peu plus en danger avec les faux rebonds. C'est sûr que quand tu es loin derrière la ligne de fond, tu as plus le temps de t'adapter. Mais quand tu n'as pas des trajectoires très liftées, si tu es loin derrière la ligne, c'est compliqué.
« J'arrive assez rapidement à m'adapter sur gazon, là où d'autres joueurs ont du mal, en revanche sur terre battue, c'est l'inverse. Il faut se battre »
Au niveau des déplacements, au retour de service, c'est toute une coordination, plus ou moins naturelle chez certains joueurs. Moi, sur terre battue, j'ai vraiment tendance à moins bien me déplacer. J'arrive assez rapidement à m'adapter sur gazon, là où d'autres joueurs ont du mal, en revanche sur terre battue, c'est l'inverse. Il faut se battre. Mais ça fait quatre ou cinq ans que je commence la saison sur terre battue blessé. J'ai eu cinq semaines sans pouvoir jouer (à la suite d'une aponévrose plantaire contractée à Miami). Je commence la saison à Madrid en jouant Félix (Auger-Aliassime) au premier tour, ce n'est pas non plus facile !
Dans ces conditions-là, la question de votre participation aux Jeux Olympiques, pour lesquels vous êtes sportivement qualifiable, semble réglée non ?
Il faut vraiment ne pas être très intelligent pour ne pas avoir la réponse. Si les gens n'arrivent pas à avoir la réponse, je vais laisser planer le doute alors. (sourire)
« À moins de gagner Roland-Garros peut-être... (sourire) »
Soyons plus directs alors : vous ne participerez donc pas aux Jeux ?
Bah... à moins de gagner Roland-Garros peut-être... (sourire)
Ce n'est pas regrettable de devoir renoncer à des JO tout de même ?
À ce niveau, on est des grands compétiteurs. Faire une apparition, faire acte de présence, ça ne nous intéresse pas. Si je n'ai pas, sportivement, les moyens de faire une médaille, si c'est y aller juste pour dire, j'ai fait les JO, ça ne m'intéresse pas du tout. C'est aussi prendre la place de quelqu'un qui, lui, aura potentiellement des chances de faire une bonne compétition. J'ai à la fois pas envie d'être égoïste et rester en accord avec mes principes. Je ne fais pas de la figuration, je suis là pour faire des bons résultats. S'il n'y a pas moyen de faire de bons résultats, si ce n'est pas un tournoi qui est obligatoire, dans ce cas-là, ce n'est pas ma priorité.
Vous l'avez formellement indiqué à la FFT ?
Non, j'ai encore la chance de gagner Roland-Garros, donc potentiellement la chance encore de faire les Jeux. Ce n'est pas fait (sourire) ».